Extrait ci-dessous de Maville.com, article paru dans La Nouvelle République le 09/10/2010
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Pas une fête en Touraine sans un repas rabelaisien : ici lors du festival des métiers de Langeais. : (Photo archives NR)
Artisans et commerçants proposent, ce midi, un déjeuner rabelaisien. L’historien Pascal Brioist revient sur ce mythe des banquets moyenâgeux.
Cherchant à promouvoir les produits régionaux, l’université a inventé un déjeuner gourmand « digne de Rabelais », ce samedi, en bord de Loire. Le public pourra s’y régaler de fouaces, rillons, nougats, chiffonnades ou autres andouillettes. Le tout arrosé d’un apéritif médiéval : l’hypocras. « Heureusement, on ne mangera pas réellement comme du temps de Rabelais, s’amuse l’historien Pascal Brioist, du Centre d’études supérieures de la Renaissance de Tours. On serait malade à coup sûr ! »
Bien sûr, Rabelais exagérait les repas aristocratiques. Mais les goûts surtout ont changé. « Les gens de l’époque mangeaient très épicé. Pas pour cacher le goût avarié de la viande, comme on l’entend souvent, mais parce qu’ils aimaient ça. Et que les médecins le préconisaient pour équilibrer les humeurs, dont ils pensaient le corps humain composé, et contre les épidémies. Ils étaient capables de mettre 15 g de clous de girofle dans un litre de jus d’orange ! »
Les sauces étaient plutôt acides, allongées de verjus. « On n’aimerait pas. » Les mets devaient encore être jolis à l’œil. « Le raffinement passait dans les repas d’une seule couleur. Un principe qu’ils poussaient aux extrêmes : à la cour des papes, un repas bleu avait été nappé de lapis-lazuli (pierre azur). Les convives ont été malades plusieurs jours… »
Les faisans reconstitués dans leurs plumes ? « Ils adoraient ce genre de présentation. Il n’y avait en outre ni entrée, ni dessert. Les plats étaient déposés sur la table en même temps. »
Un vin de Chinon sera étiqueté cuvée Rabelais, ce samedi. Là encore, on pourra se réjouir de ne pas être au Moyen Age. « Sans bouchon de liège, pas de moyen de conservation. Les vins étaient clairets. On y ajoutait des épices. » Rien de très digeste. Un gamay de Touraine avait même été interdit par Louis XI. « Pour raison de santé publique. »
Dégustation payante, ce samedi, à partir de 11 h 30, place Anatole-France, à Tours.
Cécile Lascève / la Nouvelle République